Baïnounk

Une documentation des langues baïnounk dans leur contexte culturel ne sera plus possible pendant longtemps.  Pour cela, notre projet a pour focus trois systèmes de connaissance liés entre eux  qui sont en danger – la documentation des pratiques céramiques passées et présentes, les connaissances et usages des plantes, et la classification nominale des langues.

Le projet recueille des données sur la poterie contemporaine et l’usage des pots. La poterie constitue une partie intégrale de la culture matérielle Baïnounk, et est elle-même en voie de disparition, car les récipients en plastique importés de la Chine sont en train de remplacer les céramiques locales. Il n’y a qu’une potière Baïnounk qui pratique encore ce métier, Aramata Diandy à Agnack Petit, mais la poterie est encore utilisée dans la plupart des villages.

Aramata Diandy et sa co-épouse mandinka (Agnack Petit) © Friederike Lüpke 2011

Elicitation des noms des pots (Agnack Grand) © Friederike Lüpke 2010

Le deuxième focus du projet consiste en la documentation de la terminologie, de l’utilisation et du savoir sur les plantes. Dans la Casamance entière, les connaissances sur les plantes sont en train de décroitre, et le changement du climat ainsi que l’exode rural exacerbent la perte de ce domaine important du savoir traditionnel écologique. Les Baïnounk ont une grande réputation de tradi-praticiens soignant à l’aide des plantes médicinales, et pour cette raison, un aspect important de nos activités de documentation se concentre sur la pharmacopée, mais nous documentons aussi les pratiques agricoles.



Collection de spécimens de plantes (Agnack Grand) © Friederike Lüpke 2011

Récolte du riz (Gonoum) © Friederike Lüpke 2010

 

Les connaissances culturelles sur la poterie et les plantes sont reflétées dans le système complexe de classification nominale des langues baïnounk, qui constitue le focus linguistique du projet.  Chaque nom dans les langues appartient a une ou plusieurs d’environ 25 classes nominales.  L’usage et les rôles des référents de ces noms dans la vie quotidienne et cérémonielle sont souvent reflétés dans le choix de marqueur de classe.  Par exemple, comme les plantes médicinales étaient traditionnellement gardées dans les pots en argile, il y a un lien très fort entre les pots et les plantes, manifeste dans l’organisation lexicale et grammaticale, comme illustré ci-dessous pour le guñaamolo :