Baïnounk

Les langues baïnounk constituent un groupe de langues en voie de disparition parlées dans la région de Casamance au sud du Sénegal en Afrique Occidentale. Aujourd’hui, trois variantes principales restent vitales au Sénégal et en Guinée Bissau, un pays voisin. Le terme Baïnounk/baïnounk regroupe les locuteurs de ces langues, des personnes qui sentent qu’être Baïnounk fait partie de leur identité culturelle, et un groupe (parlant le kobiana/kasanga) qui maintient des relations privilégiées avec des groupes parlant des langues baïnounk. Les langues sont étroitement liées, mais présentent beaucoup de différences en ce qui concerne le vocabulaire de base et la structure grammaticale, et les locuteurs d’une langue  baïnounk ne sont pas en mesure de comprendre ou parler les autres.

Le graphique suivant illustre les relations entre les langues baïnounk:

Les quelques communautés baïnounk qui restent au Sénégal sont touchées par un conflit violent de longue durée, et par les conséquences du changement de climat. Ces deux facteurs résultent en une migration croissante vers les villes, et en des changements drastiques dans le mode de vie des populations rurales.

Notre projet se concentre sur trois langues baïnounk:

Le baïnounk gubëeher – littéralement “la langue de Djibonker (appelé Jibëeher en gubëeher) – est la plus petite parmi les langues baïnounk majeures. Cette langue est parlée uniquement dans le village de Djibonker, 13km à l’ouest de la capitale régionale Ziguinchor, sur la route vers le Cap Skirring. Là, environ 700 personnes la parlent. Approximativement 400 villageois vivent dans la diaspora à Dakar, la capitale du pays, où seulement quelques domaines d’usage pour je gubëeher demeurent.

Impressions de Djibonker © Alexander Cobbinah 2011

Gens de Djibonker © Alexander Cobbinah 2011

Le baïnounk guñaamolo (“la langue de Niamone (Ñaamol)”) est parlé dans la communauté rurale de Niamone, dans un nombre de quartiers. Niamone se situe environnement 30km au nord de Zigunchor, pas loin de Bignona. Cette langue baïnounk a plusieurs milliers de locuteurs, en Casamance et dans la diaspora. Parmi les langues baïnounk, c’est le guñaamolo qui a reçu le plus d’attention de la part des linguistes. Serge Sauvageot, un linguiste français, travaillait sur le guñaamolo dans les années 1960 et 1970, et pendant presque 40 ans, des missionnaires américains de le New Tribes Mission s’étaient installés à Niamone. Ils créaient un programme d’alphabétisation et, ensemble avec l’organisation Baïnounk BOREPAB, étaient impliqués dans la codification des langues baïnounk  en 2005. La linguiste sénégalaise Sokhna Bao-Diop (CNRS-LLACAN Paris et UCAD Dakar) travaille sur le guñaamolo  elle-aussi.

Impressions de Niamone © Friederike Lüpke 2008

Gens de Niamone © Friederike Lüpke 2008

Le baïnounk gujaher (sans référence claire à une location dans la désignation de la langue) est la troisième des langues baïnounk majeures. Ces locuteurs occupent un territoire vaste à l’est de Ziguinchor, s’étirant jusqu’en Guinée Bissau. Cette zone était beaucoup touchée par la guerre civile, pendant laquelle un nombre de villages était abandonné, et en conséquence, beaucoup de ces locuteurs vivent à Ziguinchor ou Dakar aujourd’hui. Quelques aspects de la morphosyntaxe gujaher ont été décrits par le linguiste Jean Doneux, qui est l’auteur d’une étude comparative du gujaher et du kobiana. Parmi les villages ou l’on parle le gujaher, nous avons choisi Agnack Grand et Agnack Petit comme sites de terrain principaux, mais nous travaillons avec des locuteurs des autres villages aussi et les visitent pour des activités de documentation.

Impressions d’Agnack © Friederike Lüpke 2010, 2011

Gens d’Agnack & Gounom © Friederike Lüpke 2010, 2011